Revoilà l'Automne, comme chaque année. Au moins une est passée, peut-être deux, mais qu'y a-t-il de nouveau dans mon ciel ? Un vis-à-vis, peut-être ? Pas si sûr, car dans l'autre on se regarde, mais on ne se voit pas. On se perd de vue plus sûrement que quand on est seul. On s'accorde aux autres et on fait des fausses notes en soi-même. Mais peu importe, c'est dedans, c'est minime, comparé à avant... Avant quoi ? On ne se souvient plus. Enfin si, mais on a remisé les hauts le coeur, les Haut-les-coeurs ! pour avancer droit devant, pour bouder le mur et les ronces qui ont fini par cacher la porte, même si on la devine, même si on sent la poignée, certains soirs. On remise les tenues d'été au placard et on se pare pour l'hiver à venir. Je suis un oignon, je n'ose plus enlever mes couches successives de peur de retrouver du moisi, du pourri, de l'infâme. Je camoufle l'odeur par des sourires, je vie l'instant présent avec un temps de retard, mais peu importe, je vie tout court. Et je sais que, même si l'idée ne m'effleure plus tous les jours, il reste encore cette part de moi, celle à la ramasse, celle qui se traîne encore les genoux dans les cailloux ; oui, je sais qu'elle me suit, je préfère ne pas l'ignorer, les conséquences seraient trop graves, et la chute trop brutale, mais je la tiens à distance, et elle respecte celle que je suis entrain de devenir. Pourtant, sans elle je ne serais pas moi.