Tu sais, j'ai écrit avec le stylo plume des grands deuils. J'avoue être profondément individualiste, même si un train qui déraille me fait pleurer, mais les larmes de crocodile n'effacent rien, et j'oublie. J'ai fait mon enterrement et le deuil d'un morceau de moi. Il s'appelait "retour vers un endroit possible". Il ne s'appelle plus, grignoté, raboté, déchiré. Plus de cris, plus de larmes. Je mangerais des bonbons piquants qui me feront pleurer, grimacer, d'une façon si naturelle qu'on ne verra pas la différence avec mon visage. Et le conditionnel des possibles qui s'envolent reviendra peut-être se transformer en présent. Mais tu peux comprendre que je suis fatiguée et que les larmes que je croyais pouvoir se tarir, reviennent et m'abiment. Parfois je me sens sale. Pensées impures. Alors je respire et je réprime. Je me regarde dans les yeux du miroir, parfois, j'arrive à soutenir mon propre regard. Parfois non. Avant, j'imaginais être Alice au pays des merveilles. J'étais passée du mauvais côté du psyché. J'ai arrêté d'imaginer ce que ma vie aurait pu être si j'avais su jouer du piano, faire du roller et de la danse, sourire pour de vrai. Si elle avait été différente. Si je n'avais pas menti. Une fois et pour le restant de nos jours.
"Il ne suffit même pas
d'avoir des souvenirs.
Il faut savoir les oublier
quand ils sont nombreux,
et il faut avoir la grande patience
d'attendre qu'ils reviennent."
Les cahiers de Malte Laurids Brigge Rainer Maria Rilke
d'avoir des souvenirs.
Il faut savoir les oublier
quand ils sont nombreux,
et il faut avoir la grande patience
d'attendre qu'ils reviennent."
Les cahiers de Malte Laurids Brigge Rainer Maria Rilke